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17.12.2016

L’entrepreneuriat séduit de plus en plus les nouvelles générations

Mais de quoi ont-elles le plus besoin ? "Du soutien de leur entourage et des entrepreneurs". Interview de B. Surlemont, fondateur du VentureLab, et de D. Beauvois, Head of Corporate Banking BNP Paribas Fortis.

Les jeunes Belges se rêvent entrepreneurs, mais peu osent franchir le pas de la création d’entreprise. Pour quelles raisons?

Bernard Surlemont : "Le principal frein est le manque de confiance en soi. Ceci est en grande partie lié, je pense, à notre système éducatif, où la peur du risque et de l’échec reste marquée. Le VentureLab, incubateur liégeois pour étudiants entrepreneurs et jeunes diplômés, tente de pallier cette faiblesse en offrant aux jeunes entrepreneurs à la fois un encadrement approprié et un accompagnement suivi durant tout le trajet de développement de leur projet. Nous voulons maximiser leur chance de succès."

Didier Beauvois : "Personnellement, je suis frappé par l’esprit d’entreprise de la jeune génération. Elle est de plus en plus tentée par l’entrepreneuriat et l’envisage comme le choix de carrière le plus intéressant. Même si de l’idée à l’acte, il reste des obstacles : isolement, manque de visibilité, de réseau, etc. L’entrepreneuriat et les start-up montent graduellement en puissance. Nous le ressentons dans les contacts que nous avons sur le terrain avec les porteurs de projet, les entreprises, l’ensemble des acteurs de l’écosystème d’entrepreneuriat et d’innovation, y compris les universités. Mais aussi au sein de notre propre organisation. Désormais, nous nous inspirons des méthodes de travail des start-up. Nous avons créé notre Home for Innovation afin de stimuler l’intrapreneuriat. Voici encore trois ans, ceci n’était tout simplement pas à l’ordre du jour."

Le capital-risque ne manque-t-il pas, comme on l’entend parfois?

Bernard Surlemont : "Ce n’est plus du tout vrai. Or, le mythe persiste. Celui qui développe un bon projet peut toujours trouver des financements publics ou privés, auprès de business angels, par exemple. Afin de faciliter l’accès au capital-risque, en mars 2016, nous avons créé avec BeAngels - le réseau des business angels francophones de Belgique – un véhicule d’investissement dédié aux étudiants entrepreneurs : le SIBA VentureLab (Structure d'Investissement de Business Angels). Les fonds levés, 80 000 euros cette année, sont investis dans les projets incubés au VentureLab. Les jeunes entrepreneurs peuvent recevoir un coup de pouce supplémentaire souvent nécessaire pour boucler le financement de leur projet."

"La jeune génération est de plus en plus tentée par l’entrepreneuriat et l’envisage comme le choix de carrière le plus intéressant." Didier Beauvois, Head of Corporate Banking, BNP Paribas Fortis


Didier Beauvois :
"C’est exact. Les acteurs de capital-risque privés et publics sont nombreux en Belgique, mais l’entrepreneur débutant ne sait pas toujours vers lequel se tourner pour financer son projet. Il ne comprend généralement pas bien qui propose quels instruments financiers, à quelles conditions et avec quelles limitations. Sur ce point il y a, à mon sens, un important travail d’éducation à réaliser. En tant que banque, nous nous y investissons beaucoup. Nos collaborateurs sont formés afin de guider au mieux les entrepreneurs débutants en recherche de financement. S’ils ne peuvent prétendre à un financement bancaire, ce qui est souvent le cas pour les entreprises en phase de démarrage qui ne disposent pas de fonds propres suffisants et ne génèrent pas de flux de revenus stables, nous leur expliquons pourquoi. Nous les orientons alors vers le type de financement qui correspond le mieux à leur projet et les mettons directement en relation avec les acteurs de capital-risque adéquats (business angels, venture-capitalists, institutions publiques, etc.). Nous stimulons davantage la collaboration entre toutes les parties afin de faciliter l’accès au capital-risque pour les jeunes entrepreneurs. BNP Paribas Fortis investit également dans des fonds diversifiés, tels que, par exemple, Theodorus et Vives, spécialisés dans les spin-offs universitaires ou encore Epimède. Ces fonds investissent à leur tour dans les entreprises en phase de démarrage ou de croissance."

Avez-vous le sentiment que la stigmatisation des entrepreneurs qui échouent, disparaît peu à peu ?

Bernard Surlemont : "Assurément ! Prenez Take Eat Easy: cette start-up spécialisée dans la livraison de repas a finalement capoté, mais ses fondateurs donnent désormais des exposés sur la façon de gérer l’échec. Une chose pareille était impensable jusqu’il y a peu. Par ailleurs, les entreprises prennent progressivement conscience qu’un entrepreneur qui a échoué peut leur apporter beaucoup en tant que collaborateur. La persévérance, le sens de l’initiative, la négociation: ces qualités sont essentielles lorsqu’on lance sa propre affaire. Une telle expérience est toujours un plus sur un C.V."

"Le VentureLab offre aux candidats entrepreneurs un encadrement approprié et un accompagnement suivi par des entrepreneurs expérimentés durant tout le trajet de développement de leur projet." Bernard Surlemont, Fondateur et directeur du VentureLab

Didier Beauvois : "Il reste bien sûr du chemin à parcourir, mais l’échec est de plus en plus perçu comme faisant partie du parcours d’apprentissage de l’entrepreneur. Et c’est sain. On le constate, les fondateurs de start-up qui ont échoué rebondissent très vite après leur échec pour se lancer dans de nouveaux projets. Cela participe au changement de perception de l’échec."

Comment évaluez-vous les chances de réussite d’un projet ou d’un jeune entrepreneur au VentureLab?

Bernard Surlemont : "Avant de débuter l’accompagnement du projet proprement dit, nous coachons l’entrepreneur en herbe, afin de nous assurer qu’il est fait pour cela. Nous tranchons généralement au bout de trois mois. Un projet peut évoluer, être corrigé; c’est moins le cas pour le caractère d’une personne. À son arrivée ici, le porteur de projet se voit attribuer un coach, un entrepreneur chevronné, qui l’accompagnera durant son trajet d’incubation. Celui-ci joue un rôle crucial, puisqu’il dispose d’un réseau et surtout d’une vaste expérience à partager. Ainsi, nous signalons d’emblée au candidat entrepreneur qu’il est pris au sérieux."

Quels sont les principaux pièges qui guettent les jeunes entrepreneurs?

Bernard Surlemont : "Un incubateur ne peut être un cocon détaché du monde réel. Son objectif n’est pas de protéger les jeunes contre les dangers et les risques auxquels ils devront immanquablement faire face à l’extérieur, mais bien de les armer contre les défis qu’ils devront relever en tant qu’entrepreneurs. Il est donc extrêmement important de confronter au plus vite les entrepreneurs débutants avec des clients potentiels et des investisseurs. On ne peut pas rêver son produit idéal pendant six mois: il faut à un moment sortir du bois."

Didier Beauvois : Un entrepreneur bien formé et bien préparé a plus de chances de réussir. Il est essentiel d’aider les jeunes à développer leurs qualités entrepreneuriales. Nous y contribuons en tant que partenaire du VentureLab : nous y organisons régulièrement des sessions d’information sur le financement et simulons des comités de crédit afin de challenger les projets des étudiants entrepreneurs. C’est une expérience très stimulante ! L’intérêt d’un incubateur comme le VentureLab est évident : les jeunes qui y font leurs premiers pas d’entrepreneurs apprennent plus vite et maîtrisent mieux les compétences entrepreneuriales. C’est un outil indispensable pour la nouvelle génération d’entrepreneurs."

Des histoires inspirantes pour la nouvelle génération

Détecter les opportunités. Y croire dur comme fer. Et agir. Tel est le credo des responsables de Konings, Bee, Etex, Chemogas, Belbal, Het Anker, FNG, Shurgard et Shanks.

Découvrez leurs témoignages

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18.07.2016

Lean Startup : mode d'emploi

Adopter la méthode Lean Startup à une entreprise bien établie peut mener à remettre en cause le business model lui-même et, le cas échéant, à le démolir. Simple ? Non, mais pas d’autre choix.

Appliquer les idées Lean Startup dans une entreprise existante n’est guère évident. Elles peuvent provoquer la rupture et peu d’entreprises sont prêtes à en prendre le risque. Mais il n’y a pas d’alternative : une organisation qui refuse de faire de l’innovation perturbatrice risque, à terme, d’être balayée, voire engloutie par des concurrents qui auront fait le pas. Le Washington Post, une honorable institution dont l’histoire est riche de 180 ans et qui peut se targuer d’une kyrielle de prix Pulitzer, a été purement et simplement racheté en 2013 par Jeff Bezos, le patron d’Amazon.

Comment s’y prendre ? Voici les 5 recommandations de Cédric Donck, business angel et fondateur de la Virtuology Academy.

  1. Trouvez un sponsor dans le top management
    La véritable innovation veut que l’on s’y prenne autrement. L’équipe qui s’essaie à la méthode Lean Startup devra forcément braver des forces contraires, les esprits conservateurs, les protestations du service juridique et de la compliance, les baronnies défendant leurs territoires... Toutes les structures de l’entreprise n’œuvrent pas au service de l’intérêt collectif, tout le monde le devine. L’équipe doit pouvoir bénéficier d’un sponsor dans les hautes sphères de la direction, un individu courageux qui osera prendre sa défense au moment opportun.
  2. Composez une équipe dynamique et diversifiée
    Idéalement, l’équipe Lean Startup sera composée d’un mix de collaborateurs dynamiques tant internes qu’externes. Les premiers connaissant l’entreprise, les seconds apportent le regard neuf et plus objectif. Toutes les composantes de l’entreprise (production, commerciale, légale…) doivent être représentées. Les éventuelles pierres d’achoppement pourront ainsi être examinées sous tous les angles et éliminées. Ingrédient du succès : un bon équilibre entre seniors et jeunes, et entre niveaux hiérarchiques.
  3. Isolez temporairement l’équipe du reste de l’organisation
    Faire de l’innovation en dehors de l’entreprise n’aura pas d’effet. Mais à l’intérieur, le projet peut se heurter à toutes sortes de freins. Il est parfois judicieux de démarrer sur un échantillon de la population interne, de manière isolée, jusqu’à obtenir une masse critique. Avec une cinquantaine de personnes, on peut déjà se faire une bonne idée. Ensuite, l’équipe pourra être réintégrée. Le moment sera venu d’instaurer des processus (conformité, qualité, comptabilité…). Et c’est là que l’expertise d’une grande entreprise sera utile. Le timing est crucial : trop tôt, on risque d’étouffer l’équipe, trop tard elle pourrait exploser en raison de la croissance.
  4. Formez l’équipe pour en faire une Lean Startup
    Ces dernières années, plusieurs méthodes de Lean Startup ont été développées. Voici une liste de livres sur la thématique rédigés par Cédric Donck.
  5. Cherchez le terrain le plus fertile pour l’innovation perturbatrice
    L’objectif de l’innovation disruptive est de causer un impact maximum avec un minimum d’énergie. Pour ce faire, vous devez rechercher le terrain le plus fertile.

Il ne vous restera plus qu’à appliquer le slogan de Nike : just do it!  Mais il vous faudra aussi vous débarrasser de deux chimères qui ont la vie dure :

  • ‘Je ne peux pas me tromper‘
    Créez une culture contraire, où les petites erreurs ne sont pas punies : sans échec, pas d’innovation. Pour autant que vous veilliez à analyser le pourquoi de l’échec et à en retirer les leçons qui s’imposent.
  • Mon produit doit être parfait
    Osez sortir un produit imparfait. Le customer discovery et l’amélioration continue sont des étapes cruciales de l’histoire. Votre client sera heureux de pouvoir l’écrire avec vous.
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08.02.2016

Comment composer un bon dossier de crédit ?

Le dossier de crédit idéal contient toutes les informations qualitatives et quantitatives nécessaires ainsi que la liste des sûretés existantes et prévues.

Avant qu'une banque ne puisse octroyer un crédit à une entreprise, elle doit connaître les risques inhérents aux activités de l'entreprise. Il s'agit donc de bien lui expliquer le fonctionnement, la situation financière et les projets d'avenir de l’entreprise, et de la convaincre de votre stratégie à long terme.

Un esprit d'ouverture et de transparence ne pourra être que favorable à l’aboutissement de votre demande de crédit. Installer une relation de confiance avec votre banque est une priorité.

Devez-vous pour autant remettre un épais dossier ? Absolument pas. Il est surtout important que vous ayez toutes les données à portée de main : vous devez pouvoir les présenter avec aisance lorsque vous êtes en entretien de crédit avec votre chargé de relation. Celui-ci structurera ensuite l'information et constituera le dossier. Prendre l’initiative de préparer certains éléments sur papier à l’attention de votre interlocuteur ne pourra que contribuer à accélérer le processus, surtout si la situation et vos demandes sont complexes.

Il est évident que lors de votre première demande de crédit auprès d'une banque, celle-ci ne vous connaissant pas encore assez, vous devrez fournir davantage d'informations et y consacrer plus de temps que dans le cadre d'une relation de crédit existante.

La demande de crédit idéale contient :

1. Le volet qualitatif : la carte d'identité de votre entreprise

La banque ne peut évaluer le risque lié au crédit que lorsqu’elle a une vision claire du fonctionnement et des activités de votre entreprise.

Mettez sur papier le fonctionnement, l'évolution et la stratégie de l'entreprise, vous faciliterez déjà considérablement la procédure.

L'analyse SWOT comme point de départ

Vous connaissez l'entreprise mieux que personne, vous pouvez donc facilement anticiper les questions de la banque. Celles-ci peuvent vous sembler poussées et critiques, mais elles se justifient par la conjoncture actuelle, les faibles perspectives de croissance et le flot d’incertitudes qui plombe tant les entreprises que les banques.

L’analyse SWOT constitue un excellent outil pour vous préparer à identifier et à justifier vos atouts, mais aussi vos éventuels points faibles et menaces.

Expérience pratique

La meilleure manière de comprendre une entreprise, c'est de la voir à l’œuvre. N'hésitez donc pas à inviter votre chargé de relation sur votre lieu de travail afin qu'il se fasse une idée concrète de vos activités et puisse mieux cerner vos besoins de financement. Informez aussi votre chargé de relation de vos réalisations dans le cadre de vos investissements : tout se déroule-t-il comme prévu ?

Quelles informations fournir ?

Décrivez votre modèle opérationnel et vos activités en veillant à répondre aux questions suivantes :

  • Votre offre de produits et de services
    • Vos marchés ? Comment ces marchés vont-ils évoluer, selon vous ? Et que faites-vous pour anticiper les éventuels changements ?
    • Comment positionnez-vous votre offre ? Mettez-vous par exemple l'accent sur le service ou plutôt sur l'expérience, la qualité ou les prix ?
    • Vos produits ou services font-ils l’objet de certificats ISO ou d'autres labels de qualité ?
    • De quelles autorisations, licences ou brevets disposez-vous ?
    • Quel est l’état de vos stocks et quelle est leur vitesse de rotation ?
    • En quoi le projet que vous voulez financer influencera-t-il votre offre ou votre position sur le marché ?
  • Vos collaborateurs
    • Que faites-vous pour attirer les collaborateurs adéquats, les motiver et les garder à bord ?
    • Certains collaborateurs sont-ils indispensables au fonctionnement de l'entreprise ? Avez-vous déjà réfléchi à un plan de succession ?
    • Faites-vous appel à des conseillers externes pour certaines compétences qui vous manquent au sein de l'entreprise ?
  • Vos clients
    • Votre clientèle est-elle étendue et diversifiée ou travaillez-vous avec un nombre restreint de clients ?
    • Connaissez-vous la solvabilité de vos clients ?
    • Quels délais de paiement appliquez-vous à l’égard de vos clients ?
    • Quel impact aurait la disparition (d'un) de vos principaux clients ?
  • Vos fournisseurs
    • Avec combien de fournisseurs travaillez-vous et lesquels ?
    • Quelles conditions de paiement vos fournisseurs vous accordent-ils ?
    • Votre entreprise pourrait-elle supporter la disparition d'un ou de plusieurs gros fournisseurs ?
  • Vos concurrents
    • Qui sont vos principaux concurrents et comment se positionnent-ils ?
    • Connaissez-vous leur part de marché, leur situation financière et leurs résultats ?
    • Comment votre entreprise réagit-elle lorsque de nouveaux acteurs ou une nouveauté arrivent sur le marché ?
  • Structure, direction et actionnaires
    • Comment l'entreprise est-elle structurée et dirigée, qui sont les actionnaires ?
    • La direction et les actionnaires se concentrent-ils exclusivement sur les activités de l'entreprise ou en contrôlent-ils aussi d'autres ?
    • De quelle expérience dispose la direction ? Quel est son track record ?
    • A-t-on déjà réfléchi à la succession du gérant ou d'autres personnes essentielles ?
    • Quelle est votre politique en matière de distribution de dividendes ?
    • Votre entreprise fait-elle partie d'un groupe ? Dans ce cas, expliquez aussi sa structure et ses activités.
    • Si votre demande de crédit sert à financer une reprise : quel est son but précis ? En quoi la reprise modifiera-t-elle la structure de l'entreprise et son impact sur le bilan ?

2. Le volet quantitatif : focus sur les chiffres

Le fonctionnement pratique de l'entreprise est une donnée importante, l’analyse des chiffres en est bien évidemment une autre. Ceux-ci sont essentiels pour déterminer votre solvabilité, votre capacité de remboursement.

C’est le volet classique de la demande de crédit. Il se compose notamment du plan financier et des bilans, comptes de résultats et prévisions. Préparer votre dossier chiffré vous donnera déjà une idée objective de la situation financière. Grâce à ce travail, vous pourrez défendre vos chiffres avec plus de clarté auprès de votre banque :

  • Calculez les chiffres provenant des activités de votre entreprise, lesquelles doivent être suffisamment rentables pour rembourser le crédit ;
  • Estimez vos moyens financiers, ceux-ci doivent servir de tampon si jamais vous deviez connaître un revers dans le cadre de l’activité concernée.

Soyez, à nouveau, aussi transparent et complet que possible dans les données que vous transmettez à la banque.

Quelles informations fournir ?

Dans la description de la situation financière, abordez la situation actuelle mais aussi les antécédents ainsi que l'avenir. En voici les éléments indispensables :

  • le bilan et le compte de résultats. Idéalement, utilisez les comptes annuels approuvés des deux derniers exercices (les comptes annuels consolidés également), y compris la qualification / l’approbation ou la révision d’un auditeur (le cas échéant).
    Si les comptes annuels n'ont pas encore été approuvés, vous pouvez vous contenter du bilan et du compte de résultats provisoires. Ils sont, certes, moins sûrs, mais ils peuvent servir de base - surtout si la qualité des chiffres est réputée fiable de par les expériences précédentes ;
  • les chiffres intermédiaires ;
  • une évaluation de la liquidité, de la solvabilité et de la rentabilité de l'entreprise et un plan détaillé en cas de problèmes éventuels. Pour évaluer l'évolution future, dressez différents scénarios : positif, neutre et négatif ;
  • la liste de vos crédits, des garanties et des engagements existants auprès d'autres organismes de crédit. Le factoring et le leasing en font partie ;
  • l’explication de vos engagements hors bilan et des règles de valorisation utilisées ;
  • la liste du patrimoine mobilier et immobilier de l'entreprise.

Bon à savoir

Si vous recourrez à un conseiller externe pour préparer votre dossier, récolter les informations, et/ ou élaborer les scénarios, sachez que vous pouvez bénéficier d'une intervention financière des pouvoirs publics, tant en Wallonie, qu'à Bruxelles et en Flandre.

Données liées au projet

Dans ce volet, expliquez ce que vous voulez financer, avec quels moyens et pourquoi. Indiquez aussi votre mode de remboursement des bailleurs de fonds externes. Voici les informations concrètes à fournir :

  • le plan financier : l'objet du financement, le budget prévu - éventuellement accompagné d'offres, d'engagements de bonne exécution, de garanties après livraison - et le cash-flow attendu ;
  • le financement : les moyens affectés (capitaux propres, crédits auprès d'une ou de plusieurs banques, autres sources de financement…), durée, utilisation (par exemple en une seule fois ou en plusieurs tranches) et garanties ;
  • les modalités de suivi : comment piloterez-vous le projet ? A quelle fréquence allez-vous vérifier si l'évolution du projet et celle du financement correspondent au plan initial ?
  • les besoins futurs en fonds de roulement et leur mode de financement, si l'investissement génère un chiffre d'affaires supplémentaire ;
  • la méthode de rémunération des bailleurs de fonds.

3. Les sûretés

Le dernier volet de votre demande de crédit traite des sûretés. Le but de la banque est d’être le créancier privilégié du bien qu'elle finance ou contribue à financer.

S'il faut procéder à une vente forcée, la banque sera alors remboursée en priorité par rapport aux autres créanciers. Autrement dit, la sûreté aidera à limiter la perte de la banque. Les sûretés les plus fréquentes sont l'hypothèque d’un bien immobilier et la mise en gage de valeurs mobilières.

Un climat de plus en plus incertain

Si les banques insistent aujourd'hui davantage sur les sûretés réelles, c'est en raison de la conjoncture économique. Lorsque les risques augmentent, il est logique que l'on demande davantage de sûretés : pensons à l'envolée du nombre de faillites et à la dégradation de la solvabilité, de la liquidité et de la rentabilité de certaines entreprises…

Le bien financé en guise de garantie

Pour certains projets, une forme d’asset based financing, comme le factoring avec préfinancement des factures ou le leasing, peut se révéler plus intéressante qu'un crédit bancaire classique. Ces techniques lient le financement à un droit de propriété sur les assets (créances, machines ou stocks) : le bien financé sert donc lui-même de garantie.

Il s'agit d'un mode de financement très transparent, tant pour l'entreprise que pour les tiers (autres banques ou clients et fournisseurs), puisqu’il existe un lien clair entre le bien et son financement. Dans le cas des crédits, comme les crédits de caisse ou straight loans, ce lien est souvent moins univoque.

Apport propre

C’est le meilleur argument que vous puissiez avancer dans le cadre d'une demande de crédit : prouvez que vous croyez en votre propre affaire. Quoi de plus convaincant que l'apport de fonds propres pour cofinancer un projet ? Les efforts financiers et les risques sont mieux répartis. Pour vous y préparer, anticiper ce type de demande et calculez à l'avance l’effort que vous seriez prêt à consentir.

En vous montrant disposé à supporter vous-même 25 % de l'investissement, vous adressez un signal particulièrement positif à la banque. Naturellement, il s’agit d’étayer votre capacité d’investissement afin de rester crédible :

  • soit des liquidités sont encore disponibles au sein de l'entreprise et aucune autre affectation ne leur a été attribuée ;
  • soit vous disposez d’une capacité de remboursement issue de vos activités actuelles et celles-ci sont stables ;
  • soit vous appliquez une politique de réserves des bénéfices.

Transparence et planification

Dans ce volet de la demande de crédit, communiquer de manière ouverte et transparente avec votre banque renforce la relation de confiance que vous entretenez avec celle-ci. Pensez aussi que la libération de fonds propres peut prendre du temps. Anticipez et parlez-en à vos actionnaires.

Bon à savoir

Si votre entreprise n'est plus en mesure de constituer des sûretés, pensez à recourir aux différents aides des autorités fédérales et régionales

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01.07.2016

Financement participatif. Risques et défis

Le financement participatif offre d'infinies possibilités. Toutefois, il amène ses risques et se confronte à plusieurs défis. Aperçu.

1. Pour l'entreprise

Cette nouvelle approche nécessite de revoir entièrement les méthodes de travail traditionnelles appliquées en entreprise. Tel est d'ailleurs le principal défi à relever, au même titre que la recherche d'un bon équilibre en matière de :

  • contrôle : où allez-vous placer le curseur entre l'entreprise et le grand public en termes de compétences ? Aucune règle n’existe à ce sujet, mais une étude menée par l'université de Toronto donne une indication : idéalement, 80 % du projet devraient rester aux mains de l'entreprise et 20 % pourraient être confiés au grand public (par exemple, pour le choix des couleurs, les outils technologiques, les points de vente, etc.) ;
  • transparence : jusqu’où êtes-vous prêt à partager avec autrui, donc également avec des concurrents potentiels, vos connaissances, technologies et résultats de R&D ? Et  comment comptez-vous protéger vos droits de propriété intellectuelle ?

Vous allez ouvrir votre entreprise au public. Il s'agit certes d'un avantage considérable sur le plan marketing et stratégique mais cela signifie également que tout le monde aura accès à la situation financière de votre organisation. Vous devez donc être prêt à jouer la carte de la transparence et à partager des informations parfois sensibles.

Évidemment, vous courez toujours le risque que les fonds nécessaires ne soient pas réunis et que votre campagne de financement échoue. Cela étant, c’est aussi un avantage, car la campagne vous permet de sonder l’intérêt pour le service ou le produit que vous vous apprêtez à mettre sur le marché. Si tel n'est pas le cas, vous vous en rendrez vite compte et n'aurez pas à essuyer des pertes bien plus conséquentes suite au lancement raté du produit, pertes tant financières qu'en termes de réputation. Sans oublier que les critiques émises vous permettront d'apporter les modifications nécessaires et de retenter votre chance ultérieurement.

En additionnant tous les frais (notamment de marketing) et le temps et l'énergie que demande une campagne de financement participatif, vous estimerez peut-être la note relativement élevée. Mieux vaut dès lors songer à tous les frais qui seront engagés.

Un conseil : redoublez de vigilance si vous envisagez un financement participatif rémunéré. Tout d'abord, les fonds levés seront à déclarer en tant que revenus imposables. Sachez ensuite qu'une mise en gage est considérée comme une opération de vente et se voit donc soumise au régime de la TVA pour les entreprises. Tenez bien compte de ces facteurs en établissant votre budget afin d’éviter toute surprise désagréable en provenance du fisc...

2. Pour l'investisseur

L'enjeu principal des bailleurs de fonds consiste à trouver de bons projets. Heureusement, ils ne manquent pas, bien au contraire. Résister à la tentation peut même être difficile, surtout dans le cas d’un financement participatif assorti de rémunération. Reste à savoir ce que vous rapportera votre investissement...

Avant d'accorder votre confiance, en toute prudence vous analysez longuement le projet qui vous attire. Il n’en reste pas moins risqué d'y investir. Vous n'avez aucune garantie de succès. Des problèmes inopinés peuvent toujours survenir. Les formules assorties d'une prise de participation en actions, dans le pire des scénarios, peuvent vous faire perdre l'intégralité de votre apport.

Par contre, dans le cas du financement participatif assorti de rémunération, le risque est moindre, tout comme le montant de l'investissement. Mais dans ce cadre aussi, il est toujours possible que l'initiateur ne respecte pas ses engagements, ou seulement de manière partielle ou avec beaucoup de retard. Dans de très rares cas, il peut également arriver que l'opération soit une escroquerie et que vous ne revoyiez plus jamais les bénéficiaires. Ni la couleur de votre argent !

Savoir où l'on met les pieds

Vous souhaitez vous faire une idée objective du projet de financement participatif belge que vous envisagez de soutenir ?

Si le projet est soumis à l'obligation de publier un prospectus, vous pouvez le consulter. S’il est approuvé par la FSMA, il reprendra des informations sur l'initiateur du projet et la forme juridique de votre investissement (action, prêt, etc.). L'approbation ou l'agrément de la FSMA ou de la Banque nationale ne signifient toutefois pas que l'investissement soit jugé approprié par l’une ou l’autre. C'est à vous d'en évaluer les risques.

Sur le site web de la FSMA vous pourrez vérifier si la plateforme en ligne et/ou l'initiateur font l'objet d'une surveillance particulière de la part de l’institution ou de la Banque nationale.

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18.04.2016

Le fonctionnement du crowdfunding en pratique: MyMicroInvest

Fondée en 2012, MyMicroInvest est une plateforme de crowdfunding qui aide les entreprises à se financer en levant des fonds auprès d’investisseurs professionnels mais aussi auprès du grand public.

Entretien avec Guillaume Desclée, platform manager chez MyMicroInvest, qui nous parle de cette approche unique en son genre.

Pourquoi MyMicroInvest a-t-elle été créée ?

Guillaume Desclée (GD) :

« Nous voulions aider à la fois les entreprises à la recherche de financements et les épargnants à la recherche de rendements. MyMicroInvest a donc été lancée pour soutenir l’économie productive de notre pays en ‘connectant’ l’épargne disponible des Belges au besoin de financement des entreprises, créatrices de valeur.

Le constat est simple : plus de 70 % de la valeur ajoutée et de la création d’emplois en Europe proviennent des petites et moyennes entreprises. On connaît la difficulté de celles-ci à lever des capitaux pour financer leur développement. C’est à ce problème que nous nous attaquons en offrant la possibilité aux particuliers d’investir dans des entreprises en pleine croissance. »

Comment opère MyMicroInvest ?

GD :

« MyMicroInvest est une plateforme d’investissement qui permet au public de financer des entreprises innovantes en leur octroyant des prêts ou en prenant des participations dans leur capital. Nous combinons deux modes de financement : le crowdfunding - faisant appel au grand public -  et l’investissement professionnel via des fonds d’investissement ou des business angels partenaires. Concrètement, le grand public s’associe au processus de sélection, d’analyse, d’investissement et d’accompagnement des professionnels. Toutes les parties collaborent pour augmenter les chances de succès de leurs investissements ».

Comment cela se passe-t-il en pratique ?

GD :

« Nous opérons en 3 phases. Les dossiers candidats au financement sont d’abord présélectionnés par le grand public. C’est donc le marché qui valide le potentiel des concepts proposés par les entreprises candidates au financement. Ensuite, c’est le tour de l’investisseur expérimenté’ : il analyse le dossier en se concentrant sur la validation financière du candidat. Si tous les feux sont au vert, l’entreprise peut lancer la procédure de levée de fonds sur notre plateforme.

Durant cette phase de sélection, chaque entreprise qui souhaite lever des fonds remet à nos équipes un ensemble de documents légaux et comptables. Une fois cette validation « due diligence » achevée, l’entreprise complète un formulaire qui nous fournit toute l’information nécessaire à la rédaction du mémorandum de placement ou au prospectus d’émission qui accompagne chaque opération.

Vient ensuite la phase de l’investissement proprement dit. Les entreprises listées sur MyMicroInvest sont financées par des investisseurs externes et par le crowd. Le financement externe peut intervenir avant ou après l’opération de crowdfunding mais il doit absolument se faire sur base des mêmes conditions financières que le crowd.

Pour le grand public, cette solution permet d’avoir accès à des opportunités d’investissements autrefois réservées à un nombre limité d’investisseurs (on peut donc parler d’une démocratisation du venture capital) tout en bénéficiant de la transparence et de l’expérience propres au crowdfunding. Pour l’entreprise, il s’agit d’une solution de financement simple qui lui offre les avantages du crowdfunding (force des communautés).

C’est au cours de la 3e phase que la magie du crowdfunding opère ! Lorsqu’une multitude d’investisseurs se transforme en un réseau d’ambassadeurs. Tout le monde devient partie prenante du succès de l’entreprise et se mobilise pour l’accompagner et la faire croître. C’est en ligne sur notre plateforme que les échanges entre l’entreprise et sa communauté d’investisseurs ont lieu, dans un espace sécurisé qui leur est réservé. L’entreprise communique régulièrement ses faits d’actualité à ses investisseurs. L’apport de la communauté se traduit quant à lui par des conseils stratégiques, un partage du réseau et une mise en avant du produit ou service vendu par l’entreprise. »

Accordez-vous une attention particulière à un certain type d’entreprises ?

GD :

« L’objectif de MyMicroInvest est de répondre au besoin de financement de toutes les entreprises qui souhaitent bénéficier des avantages du crowdfunding, quelle que soit leur taille. La forme du financement peut varier. Pour les entreprises plus matures, il s’agira de prêts tandis que nous opterons pour une prise de participation dans le cas d’entreprises plus jeunes ou de grosses opérations d’augmentation de capital.

La visibilité de notre plateforme étant encore relativement restreinte, notre capacité à lever des fonds ne dépasse pas quelques centaines de milliers d’euros par entreprise. Nous devons donc fixer des limites lors de la sélection des projets. En dehors des critères d’exclusion classiques, nous ne pratiquons pas de segmentation spécifique en termes de secteurs. Pour autant que la logique de co-investissement entre le crowd et les investisseurs professionnels soit suivie, puisque c’est notre marque de fabrique. Parmi les 17 entreprises qui ont fait appel à nous pour lever des fonds, nous trouvons des spin-offs universitaires, des entreprises actives dans le secteur de l’informatique, de l’agro-alimentaire, des médias, de la médecine nucléaire, etc. »

Votre formule présente-t-elle moins de risques qu’un investissement ‘traditionnel’ en venture capital ?

GD :

« Nous calquons notre procédure de sélection, d’analyse, d’investissement et d’accompagnement sur celle des fonds capital-risque traditionnels, sauf que nous lui ajoutons l’intervention du grand public car nous pensons qu’elle permettra d’augmenter les chances de succès des entreprises financées.

Ce qu’il ne faut pas perdre de vue, c’est que le risque et le retour sur investissement potentiel des investissements réalisés via MyMicroInvest sont liés à l’entreprise choisie par l’internaute (contrairement aux fonds d’investissement où le risque est réparti sur un portefeuille). C’est donc à l’investisseur de diversifier ses investissements sur MyMicroInvest selon la taille des entreprises, les secteurs d’activité et le type d’investissement (prêt ou prise de participation). »

Pendant combien de temps les investisseurs doivent-ils conserver leurs parts de l’entreprise ?

GD :

« La liquidité et le rendement sont tributaires du type d’investissement. S’il opte pour un investissement sous forme de prêt, le public (crowd) connaît l’échéance de son investissement et peut compter sur un rendement fixe et récurrent. S’il choisit plutôt une prise de participation dans le capital d’une entreprise, le rendement sera plus aléatoire et dépendra de la revente future de la participation. En règle générale, une revente s’effectue dans un délai de 3 à 6 ans en fonction de la taille de l’entreprise. Un investisseur a néanmoins le droit de céder son titre à un tiers avant cette échéance s’il le souhaite – même si MyMicroInvest n’organise pas de marché secondaire. D’un point de vue juridique, MyMicroInvest Finance S.A. (structure distincte qui regroupe l’ensemble des investisseurs crowd) exige qu’une clause de tag/drag along soit insérée dans le pacte d’associés de l’entreprise - si ce n’est pas encore fait . La revente de la participation détenue par MyMicroInvest Finance pour compte du grand public se fera alors au même moment et aux mêmes conditions que la revente des participations d’un investisseur externe. »

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